mercredi 28 mars 2012

Nous sommes vivants!

Il faut dire qu’ici en Argentine, et particulièrement à Buenos Aires, le risque de mourir renversé par une voiture est augmenté pour ceux qui auraient la foi en la signalisation. Par exemple, vous trouvez que les automobilistes au Québec ne laissent pas passer les piétons aux passages désignés? Vous n’avez rien vu. Ici, les autos accélèrent pour traverser les rues. C’est la loi du plus fort. Le détail qui m’a le plus fasciné pendant plusieurs semaines est que le signe «arrêt» n’existe pas ici. Soit il y a une lumière (généralement respectée, Dieu merci) soit c’est la loi du plus fort. Ça veut dire que les autos traversent en groupe, puis quand il n’y en a plus ceux de l’autre sens y vont, etc. Les piétons passent en dernier. On s’y fait.


Bref, nous sommes malgré tout vivants, et malgré l’impression que laisse ce blogue un peu désaffecté! Nous sommes à Buenos Aires, la 3e et dernière destination de notre périple, depuis déjà 2 semaines et demi et repartons jeudi saint, le 5 avril. Nous avons un appartement fort charmant dans un quartier idéal pour nous, San Telmo, qui est un des premiers quartiers à avoir été fondé. Les rues sont étroites, il y a plusieurs construction du 19e siècle, le dimanche une «feria» (un marché public) énorme nous mène à du tango en plein air. C’est vraiment chouette.


Ce que j’adore particulièrement, c’est cette activité urbaine très concentrée qu’on ne retrouve que dans les très grands centres. Pas à Montréal ou Toronto, mais à Paris, Mumbai, New York ou Buenos Aires. C’est la tranquilité d’esprit de se savoir constamment, partout en ville, à moins de 3 minutes de marche d’un petit café où l’espresso est délicieux. C’est la joie de trouver de une à deux petites fruiteries par pâté de maison, et en moyenne une petite épicerie tenue par des taïwanais (il paraît qu’il y en a tellement, qu’ils concurrencent sérieusement les supermarchés par leurs achats en groupe) où on trouve même un comptoir fromage et charcuterie.


Encore mieux, je dois annoncer ici sur ce blogue, officiellement, que les Argentins sont les gens les plus courtois de la planète (à part en voiture, tel que décrit ci-haut). Chaque fois que nous prenons le métro, quelqu’un nous offre son siège en voyant Pierre. Tout le monde est toujours heureux de pouvoir nous rendre service, soit par des directions, des informations, où un petit sourire amical. Pierre semble être une star nationale: les argentins adorent les bébés. Ils lui parlent, rient avec lui, lui flattent les mains et pieds. Les cris «Que Hermoso! Que Bonito!» résonnent généralement en croisant des groupes féminins entre 10 et 90 ans. Les voyages de taxi finissent invariablement en conversation amicale et décontractée. (Ici il faut rappeler que je voyage avec une femme très à l’aise avec l’espagnol: ça fait toute la différence.)


Les gens, toujours les gens. On ne le dira jamais assez: aller dans un autre pays, ce devrait être pour aller au devant des gens. Derniers jours plutôt riches en ce domaine. Hier entre autres, nous nous sommes retrouvés dans un petit troquet français à assister à une première d’un dcumentaire engagé à propos d’un vieil homme sage qui se déguise en fourmi rouge (la Hormiga Roja) pour sensibiliser aux graves problèmes de pollution en banlieue Buenos Aires, et de la honte qu’il y ait des familles qui sont prises pour y demeurer. Le petit groupe de spectateurs était formé d’artistes militants, peintres, photographes, écrivains, musiciens, tous très politisés et intéressants. Le Malbec, bon et abordable, venait agrémenter le tout.


Parlant de politique, nous sommes très excités et intéressés par la belle mobilisation qui se passe au Québec, et aussi par les nombreuses discussions qui en découlent. On assiste en quelque sorte à un débat de société non officiel, et bien qu’il y ait surtout des commentaires superficiels qui passent, on trouve aussi de sacrées belles réflexions. Pour ceux qui ne l’auraient pas vu, Marie-Claude a mis un film en ligne: http://www.youtube.com/watch?v=oeiq2zh7zWc&list=HL1332990103&feature=mh_lolz.


Sinon, notre quotidien est bien sûr surtout meublé de l’apprentissage de la parentalité. C’est un voyage dans le voyage, le sentiment d’assister à quelque chose de sacré, de bâtir une relation avec un être déjà humain, plein de désirs et de contradictions, de curiosité et de confiance, mais complètement démuni. Entrevoir l’âme d’un bébé, c’est vouloir serrer un papillon dans ses bras, mais deviner que ça abîmerait ses ailes, et donc se contenter d’en humer le parfum subtil et changeant.


À bientôt!


Mathieu

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