mardi 3 avril 2012

À bientôt

Mea culpa!
Parfois les bonnes intentions sont tempérées par la réalité. Le temps n'étant pas extensible, voici malheureusement déjà la fin de ce blogue. Il y aurait moult photos et histoires à partager et sujets à discuter, et nous nous ferons un plaisir de le faire en personne avec vous.

À très bientôt!

Pierre, Marie-Claude et Mathieu

mercredi 28 mars 2012

Nous sommes vivants!

Il faut dire qu’ici en Argentine, et particulièrement à Buenos Aires, le risque de mourir renversé par une voiture est augmenté pour ceux qui auraient la foi en la signalisation. Par exemple, vous trouvez que les automobilistes au Québec ne laissent pas passer les piétons aux passages désignés? Vous n’avez rien vu. Ici, les autos accélèrent pour traverser les rues. C’est la loi du plus fort. Le détail qui m’a le plus fasciné pendant plusieurs semaines est que le signe «arrêt» n’existe pas ici. Soit il y a une lumière (généralement respectée, Dieu merci) soit c’est la loi du plus fort. Ça veut dire que les autos traversent en groupe, puis quand il n’y en a plus ceux de l’autre sens y vont, etc. Les piétons passent en dernier. On s’y fait.


Bref, nous sommes malgré tout vivants, et malgré l’impression que laisse ce blogue un peu désaffecté! Nous sommes à Buenos Aires, la 3e et dernière destination de notre périple, depuis déjà 2 semaines et demi et repartons jeudi saint, le 5 avril. Nous avons un appartement fort charmant dans un quartier idéal pour nous, San Telmo, qui est un des premiers quartiers à avoir été fondé. Les rues sont étroites, il y a plusieurs construction du 19e siècle, le dimanche une «feria» (un marché public) énorme nous mène à du tango en plein air. C’est vraiment chouette.


Ce que j’adore particulièrement, c’est cette activité urbaine très concentrée qu’on ne retrouve que dans les très grands centres. Pas à Montréal ou Toronto, mais à Paris, Mumbai, New York ou Buenos Aires. C’est la tranquilité d’esprit de se savoir constamment, partout en ville, à moins de 3 minutes de marche d’un petit café où l’espresso est délicieux. C’est la joie de trouver de une à deux petites fruiteries par pâté de maison, et en moyenne une petite épicerie tenue par des taïwanais (il paraît qu’il y en a tellement, qu’ils concurrencent sérieusement les supermarchés par leurs achats en groupe) où on trouve même un comptoir fromage et charcuterie.


Encore mieux, je dois annoncer ici sur ce blogue, officiellement, que les Argentins sont les gens les plus courtois de la planète (à part en voiture, tel que décrit ci-haut). Chaque fois que nous prenons le métro, quelqu’un nous offre son siège en voyant Pierre. Tout le monde est toujours heureux de pouvoir nous rendre service, soit par des directions, des informations, où un petit sourire amical. Pierre semble être une star nationale: les argentins adorent les bébés. Ils lui parlent, rient avec lui, lui flattent les mains et pieds. Les cris «Que Hermoso! Que Bonito!» résonnent généralement en croisant des groupes féminins entre 10 et 90 ans. Les voyages de taxi finissent invariablement en conversation amicale et décontractée. (Ici il faut rappeler que je voyage avec une femme très à l’aise avec l’espagnol: ça fait toute la différence.)


Les gens, toujours les gens. On ne le dira jamais assez: aller dans un autre pays, ce devrait être pour aller au devant des gens. Derniers jours plutôt riches en ce domaine. Hier entre autres, nous nous sommes retrouvés dans un petit troquet français à assister à une première d’un dcumentaire engagé à propos d’un vieil homme sage qui se déguise en fourmi rouge (la Hormiga Roja) pour sensibiliser aux graves problèmes de pollution en banlieue Buenos Aires, et de la honte qu’il y ait des familles qui sont prises pour y demeurer. Le petit groupe de spectateurs était formé d’artistes militants, peintres, photographes, écrivains, musiciens, tous très politisés et intéressants. Le Malbec, bon et abordable, venait agrémenter le tout.


Parlant de politique, nous sommes très excités et intéressés par la belle mobilisation qui se passe au Québec, et aussi par les nombreuses discussions qui en découlent. On assiste en quelque sorte à un débat de société non officiel, et bien qu’il y ait surtout des commentaires superficiels qui passent, on trouve aussi de sacrées belles réflexions. Pour ceux qui ne l’auraient pas vu, Marie-Claude a mis un film en ligne: http://www.youtube.com/watch?v=oeiq2zh7zWc&list=HL1332990103&feature=mh_lolz.


Sinon, notre quotidien est bien sûr surtout meublé de l’apprentissage de la parentalité. C’est un voyage dans le voyage, le sentiment d’assister à quelque chose de sacré, de bâtir une relation avec un être déjà humain, plein de désirs et de contradictions, de curiosité et de confiance, mais complètement démuni. Entrevoir l’âme d’un bébé, c’est vouloir serrer un papillon dans ses bras, mais deviner que ça abîmerait ses ailes, et donc se contenter d’en humer le parfum subtil et changeant.


À bientôt!


Mathieu

jeudi 15 mars 2012

Teatro Colon





Teatro Colon


Lors d’un voyage, une des facettes les plus agréables est le risque: le risque de découvrir telle ville ou telle rue sans planifier, le risque d’être déçu ou agréablement surpris, le risque de tenter de s’adresser à un inconnu dans un castellano (l’espagnol sud-américain) approximatif. En général, depuis un mois, nos plus doux souvenirs sont les bonnes surprises qui nous sont tombées dessus quand on s’est aventurés les yeux fermés dans un endroit, une rencontre, une activité. Par exemple, ici à San Telmo, ce vieux quartier de Buenos Aires où nous sommes depuis samedi, nous sommes tombés sur un appartement génial (merci à Marie-Karine de Violeta de Yapa et à Vincent pour la puce à l’oreille) qui se trouve à deux coins de rue d’un petit resto familial végétarien, où ils font leur propre pain intégral et où chaque midi nous pouvons manger un choix de trois menus tous aussi fantastiques les uns que les autres (courges butternut nappés de sauce aux épinards, burgers de riz brun, aubergines poêlées, etc etc) pour vraiment pas cher: nous aurions voulu trouver un endroit comme ça que nous n’y serions jamais arrivés.


Parfois, quand on accepte de s’éloigner des grands classiques, le concert peut aussi être une expérience risquée. C’est dans cet esprit d’aventure que je me suis dirigé hier au Teatro Colon, salle mythique bâtie en 1860 et reconstruite au début du siècle, qui possède la 3e meilleure acoustique au monde selon Leo Beranek (http://mlacoustics.com/PDF/Shoebox.pdf pour un petit graphique de la configuration). 2700 places assises plus 1000 places debout. Architecture extérieure qui en ferait immédiatement un des plus beaux édifices de Montréal (pour l’architecture, je peux vous dire qu’il y a des colonnes et des fresques sculptées, mais officiellement le tout est de style «mixte»: désolé.)


J’étais excité de seulement entrer dans un tel établissement.


Hier c’était le premier spectacle d’opéra de la saison (rappelez-vous qu’ici c’est la rentrée scolaire et culturelle et le début de l’automne): Osvaldo Golijov, compositeur très très en vue depuis quelques années qui est d’origine Argentine, et son oratorio La Passion selon St Marc écrit en 2000 pour le 250e anniversaire de la mort de Bach.


Connaissant seulement une pièce de Golijov: Tenebrae, pour quatuor à cordes, une oeuvres profonde et minimaliste qui crée une atmosphère enveloppante et jouée magnifiquement par le quatuor St-Germain (disponible sur disque), je m’attendais un peu à ce style, qui concorde assez bien avec les parties plus intimes de l’évangile.


Surprise!!!!


La pièce est bâtie sur la musique Salsa-cubaine, avec un grand choeur qui finalement est le soliste principal et deux chanteuses: une soprano classique et une chanteuse jazz, cette dernière à la voix chaude et grave, et parfois amplifiée, qui était superbe et donnait les frissons. L’ «orchestre» consiste en un ensemble de percussions de type africains, quelques cordes, un accordéon, une guitare, un ensemble piano-basse de jazz, etc. Vous voyez le décor.


L’effet final est renversant. On ne peut s’empêcher de comparer la structure avec Bach, et donc de remarquer les omissions et les contournements. Golijov fait bien parler Jesus, mais par plusieurs voix selon du texte. Sur le mont des Oliviers ou au moment de l’eucharistie, c’est une femme qui chante le texte, intime et doux. Par contre, quand il s’adresse à ses disciples d’une voix forte, c’est un homme qui chante le texte. Mais en général, pas d’évangéliste précis, mais plutôt une paraphrase de l’action, souvent par le choeur, choeur qui reprend aussi bien sûr les interventions de la foule, des prêtres, etc.


Beaucoup d’interludes musicaux et de transitions aussi, tous plus cubains les uns que les autres. Comme le choeur, les solistes et l’orchestre sont en tuniques et sandales, le tout est étonnamment crédible, dans un sens plus que la musique baroque: car Jesus a bel et bien vécu dans un pays chaud sur le bord de l’eau, et non en Allemagne du nord.


Une bien belle soirée, émouvante et intéressante. Un bel exemple de belle surprise.


À bientôt!


Mathieu


mercredi 7 mars 2012

Des montagnes à la mer

Des montagnes...


Notre vie à El Bolson s’est écoulée doucement et confortablement. Demeurer plus que les 2-3 jours usuels des backpackers nous permet de nous «infiltrer» dans la vie quotidienne des bolsonaises et bolsonais (appellation à vérifier): deux semaines dans un petit coin de paradis.


Il y a d’abord le fait que l’endroit est une véritable ruche de hippies. Un moment, on aurait cru être en 1970, d’autant plus que les Renaud de cette époque ne sont pas rares. Ils vivent de peu, et passent 3 -4 jours sur 7 à la «feria artesanale» où ils vendent ce qu’ils ont fait de leurs mains durant les 3 autres jours: bijoux, vêtements, jouets, décorations, équipement de maté, confitures, etc. etc. Un deuxième regard permet rapidement de comprendre qu’au delà du commerce, c’est aussi (et peut-être même plus?) le plaisir de se retrouver qui rend les gens joyeux: le marché est une véritable fête, bonifiée de numéros de cirques amateurs mais sympathiques, jouant autant sur les prouesses physiques que la verve clownesque.


Autour de la ville, des montagnes sur 360 degrés, et sur les contreforts, de multiples fermes, petites et grosses, laitières et fruitières, maraichères et herboristes, qui profitent du climat doux et humide estival. On peut visiter la plupart. Sur le chemin, on découvre des domaines superbes, plus ou moins vastes, et très bien tenus. Chacun à entre 1 et 3 chiens, qui semblent rois en Argentine, plus les chiens errants. Une magnifique symphonie canine quand ils s’y mettent en choeur.


Un après-midi nous sommes partis conquérir le Piltriquitron, un des superbes massifs entourant la ville. D’abord, un voyage de taxi d’une bonne demi-heure sur un chemin de 11 km en pente raide et en virage à épingle. Le chauffeur, dans la soixantaine, prenait un plaisir certain et une fierté évidente à négocier la route avec l’intensité d’un Jorge Daponte ou autres José Froilán González. Au bout de la route, nous avons jeté un coup d’oeil vertiginé sur la plate-forme de départ des parapentistes avant de grimper vers le Bosquet Taillé, (Bosque Tallado), une bonne idée sur papier qui a donné quelque chose de fasinant: depuis 15 ans des sculpteurs de toute l’Amérique du Sud viennent se choisir un arbre mort mais toujours debout (ou couché pour certains) et y laissent leur griffe. Très sympathique et stimulant, surtout dans un tel décor.


Plus loin, au refuge, on peut de récompenser de la marche devant une bonne bière maison, un traditionnel maté et une pizza faite sur place. L’attirance éternelle qu’exercent les sommets sur moi a dû être tenue en laisse... pour cette fois.


Parenthèse sur le maté: tout le monde en Argentine en boit, toute la journée, sauf aux repas. C’est en réalité beaucoup plus une activité sociale que gustative, quoique son goût amer me plaise personnellement. Les règles qui en régissent la dégustation sont à la fois tacites et très pointues: c’est un plaisir donc de «s’améliorer» à chaque occasion. Pour moi, c’est avant tout un de ces symboles qui représentent merveilleusement l’art de vivre doucement, en goûtant le temps qui passe, en bonne compagnie. Parfait pour les vacances!


... À la mer!


Depuis samedi, nous sommes passés à l’est, à Puerto Madryn, bourgade côtière, avec plages de sable blanc, palmiers obligatoires et multitudes d’Argentins bronzés uniformément. Si El Bolson était le Banff local, ici nous nous retrouvons comme en Floride, sous un soleil intense mais agréablement tempéré par un fond d’air frais qui trahis son appartenance Patagone. Baignades, promenades, et rires devant Pierre qui se demande quel est cette substance chaude et poussiéreuse qui coule entre ses orteils. Tout près se trouve la Péninsule Valdez, Patrimoine de l’Unesco et hang out de Baleines, phoques, éléphants de mer et épaulards, ces princes des océans. Nous tenterons notre chance de voir ces derniers en fin de semaine, mais ne retenez pas votre souffle: il faut être chanceux, même si c’est la bonne époque. Par contre, nous sommes assurés de se gaver de pingouins et lions de mer (espéce de phoque).


Nous logeons chez Gaston, sympathique maître d’hostel, qui organise des Asado (barbecue typique argentin) aux deux jours et auxquels il est difficile de refuser, tant la viande cuite très lentement sur des charbons ardents est délicieuse. Comme le maté, l’Asado est une affaire de famille ou d’amis, qui se partage devant un bon Malbec de la région de Mendoza ... à condition que le fils de 4 mois dorme!! Chaque soir est une aventure...


À bientôt!


Mateo y todos


** Dû à des contretemps de nature technique, nous tenterons de présenter des photos un peu en retard...**

Nouvelles de Marie-Claude



Petites nouvelles d’Argentine

Bonjour à vous,

Oui, je sais, c’est toujours un peu long avant que je me déniaise à donner des nouvelles…c’est le temps d’adaptation au pays!

Alors voilà, ça fait déjà trois semaines que nous sommes partis. Ouf!

Deux premiers jours passés à Buenos Aires. Petit hôtel pas cher au coin des deux rues les plus achalandées de Buenos Aires. Inutile de vous dire que ça veut dire mucho ruido! Deux manifs en deux jours. La première sur la question des Îles Malouines…il semblerait que ce débat ait été ramené sur la place publique pour occulter la question des minières qui foutent le bordel dans le pays…la même odeur de fric et de pillage partout…du Nord du Québec à la Terre de Feu…Deuxième grosse manif contre la loi Anti-terroriste…une loi qui vous enlève tous vos droits sous prétexte de protection de l’État…la même odeur de répression en todas partes…

Et nous voilà parti pour un 24 heures de bus pour El Bolson, petite ville nichée dans les montagnes de la Cordillière des Andes près de la frontière du Chili. 24 heures de bus avec un bébé de 3 mois et demi…tout un défi…toujours drôle de voir la gueule des gens qui nous voient rentrer dans le bus, on croirait les entendre penser « Oh merde, un bébé qui va brailler toute la nuit! ». Mais le Sein arrive toujours à la rescousse des pauvres voyageurs qui veulent dormir en paix…et de petit Pierre qui ne comprend pas trop pourquoi sa maison bouge sans arrêt.

Avec un bébé, tout déplacement requiert une somme non négligeable d’énergie, alors « On reste deux semaines à El Bolson? Oui! ».

Repère de hippies, la vieille garde et la nouvelle, El Bolson est cette petite ville bien tranquille entourée de montagnes tout aussi majestueuses les unes que les autres. C’est aussi le rendez-vous des « artisans » qui viennent vendre leurs produits à la Feria artesanal : bijoux, vêtements, meubles, bouffe, etc. C’est pas mal la Feria qui rythme la vie à El Bolson, en plus des nombreux spectacles de cirque de rue tout aussi déjantés les uns que les autres. Sans oublier toutes les microbrasseries artisanales assez sympathiques.

Alors un bon premier deux semaines : marches en montagne, promenade au lac, bouffes avec des copains rencontrés à l’auberge, visites à la Feria, bonnes bières, bon Maté, excellente crème glacée (une spécialité Argentine…au même titre que les parilla…de la grosse viande sur le Barbecue!...plusieurs disent que « C’est très triste ou un crime (c’est selon) d’être végétarien en Argentine ».

Comme ailleurs en Amérique latine, il y a beaucoup de chiens errants, qui ont (pour l’anecdote!) bouffé et éparpillé les nombreuses couches de Pierre que j’avais malencontreusement jetées au chemin sans fermer la benne à vidanges. Mathieu grognait…

Après El Bolson…12 heures de route de nuit pour se rendre de l’autre côté du pays, sur la côte Atlantique à Puerto Madryn. La mer, la mer et encore la mer. Ça nous change du climat frisquet et pluvieux des montagnes.

Il fait beau et chaud. Je vous redonne des nouvelles pour la suite! Mon temps d’internet est écoulé…Mathieu me lance la balle : Pierre le terrible qui a décidé que la vie était trop belle pour dormir!

À+

Gros becs

M-C et toute la famille

jeudi 23 février 2012

Nouvelles





Nouvelles


Bonjour à tout le monde!


Nous sommes partis pour un petit voyage de 7 semaines en Argentine avec notre petit poux de 3 mois et demi.


Faits saillants jusqu’à maintenant, teintés de notre expérience:

  • Air Canada offre de belles tables à langer dans leurs cabinets
  • Buenos Aires en été est superbement chaud, ce qui peut créer une euphorie chez les Montréalais de février
  • Deux jours passés à l’hôtel Reina, dans le quartier espagnol de BsAs, mais au coin probablement le plus achalandé d’argentine (de Mayo et 9 de Julio: allez voir sur Google Earth - on parle de 20 voies qui en croisent 10) étaient amplement suffisant pour constater que:
    • les argentins manifestent à chaque jour (avec raison contre la loi anti-terroriste qui fait effectivement de l’état un endroit de répression) (cf photo 1)
    • Une chambre qui donne sur ce coin de rue était une mauvaise idée en termes de décibels
    • Les vieux climatiseurs sont encore plus bruyants que les coins de rue névralgiques
    • L’hôtel Reina est tout de même superbe, avec ses plafonds de 18 pieds et son ascenseur qui date d’il y a deux siècles (cf photo 2)
  • Recommandons en passant à nos amis voyageurs le sympathique restaurant de théatre La Clac, qui offre un menu réconfortant (deux mots seulement: patates pilées) dans un décor chaleureux et bohème (cf photo 3)
  • Ça valait la peine de payer quelques dollars de plus pour voyager en classe Ejecutivo Tutto Letto lors d’un voyage de bus de 24h. Sièges en cuir inclinables à 180 degrés, films sur écrans individuels de répertoire artsy tels que « 2012: La fin du Monde» ou encore «Shrek 2», multiples repas servis à notre sièges avec du vin et du whisky en digestif (ils viennent même vous réveiller pour vous le proposer - ça c’est de la générosité), etc. Malheureusement, un détail technique nous empêche de vous prouver tout ça par photos.
  • Le décor dans la plaine avant les montagnes est proprement ahurissant. C’est le désert, seulement des broussailles. Il parait qu’il ne pleut jamais là-bas, dû à un caprice des vents... Magnifique.
  • À El Bolson, nous sommes comme à Banff, mais moins le côté clinquant et plus la chaleur des Argentins. Les montagnes sont sublimes (photos à venir). Nous sommes allés marcher tout près avec Pierre, qui semble adorer se balader en porte-bébé. Nous sommes aussi allés à la plage, que nous avons partagé avec quelques Argentins, et plusieurs dizaines de milliers de guêpes. Il parait qu’elles se sont introduites en cachette dans un bateau et depuis font la loi ici. Pas de piqûre à date.
  • La Feria Artesanale a lieu 4 fois par semaine et nous permet d’acheter des légumes d’ici et de faire connaissance avec les gens du coin. Marie-Claude donne des cours d’Espagnol à Mathieu qui s’améliore lentement mais sûrement.
  • Demain nous quittons avec regret la sympathique auberge de jeunesse qui nous a permis de rencontrer plein de gens intéressants, mais nous prenons un petit studio qui sera plus intime et plus calme pour Pierre. Comme nous avons maintenant nos repères et contacts ici, nous entrevoyons les prochains jours avec optimisme.
  • Plus de nouvelles sur nos péripéties Bolsonniennes bientôt!


Avec amitié,

MC et M.


L’auberge argentine

Lui, il est italien, environ 25 ans. Il est parti pour 2 ans, rien de moins. Il se lève tôt et se fait un gros déjeuner, plein de l’expérience qu’il faut partir du bon pied pour voir le monde, jour après jour. Il a traversé la distance entre Rome et Singapour par voie terrestre en 7 mois, coup de coeur à la Birmanie, puis un «pit stop» de 9 mois en Nouvelle-Zélande pour travailler et se refaire un magot, puis un autre 7 mois, en cours, en Amérique du Sud. Bouvier aurait de quoi être content. En plus, le mec est sympa comme tout, apprend les langues sur son passage, et irradie une paix singulière.


Eux sont américains. Ils sont partis depuis quelques mois et ne savent pas quand ils retourneront à la maison. Ils économisent chaque sous, connaissent tous les trucs. L’objectif: tenir le plus longtemps possible, étirer l’élastique de la longue dérive sans jamais qu’il ne casse. Ce qui est beau, c’est que la fraîcheur de leur rire est aussi forte que leur réticence à dépenser.


Cet autre est français. Pendant trois jours il nous a côtoyé dans la discrétion, sans rien dire, jusqu’à ce que Marie-Claude le cuisine serré pour découvrir qu’il partage notre langue. Doux, patient, d’une non-agressivité totale, il possède un humour vif, une connaissance politique internationale surprenante, et une barbe longue et broussailleuse.


Maintenant, une question pour le lecteur: que partagent, d’après lui, toutes ces personnes qui croisent notre chemin au petit bonheur, épiçant le détour de notre parcours de leur poésie personnelle?


Ont-ils tous lu les Frères Karamazov?


Partagent-ils une même classe socio-économique?


Sont-ils tous végétaliens?


Je vous le donne dans le mille: ils sont tous, de près ou de loin, des agriculteurs. À la maison, dans leurs voyages, en woofing, comme travail, de famille, etc. Ils ont tous passé des heures, jours et mois, à travailler la terre de leurs mains.


Food for thoughts.